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En direct du...Pérou.



Le marché asphyxié des avocats péruviens

Par Oscar Mago, avocat à Lima.

Etre avocat aujourd’hui au Pérou, voici le rêve de plus de 80 000 étudiants de Lima. Les carrières juridiques, très populaires dans le pays, ont fini par faire exploser la population des robes noires, qui avoisineraient aujourd’hui plus de 96 000 membres. A Lima même, on en dénombre plus de 46.000. Face à ce marché totalement asphyxié, beaucoup d’avocats péruviens finissent par changer de métier, certains même deviennent chauffeurs de taxi.

La situation peut étonner les avocats français mais la situation est telle ici que le représentant du Collège des Avocats de Lima (l’homologue du bâtonnier de Paris), le Dr. Walter Gutiérrez a lancé une vaste campagne « ta signature pour l'avenir de la justice » qui lui a permis de réunir près de 150.000 signatures. Le but étant de présenter au Congrès un projet de loi visant à éliminer la création d’autres facultés de droit via des techniques d'enseignement à distance tout en favorisant le système d’obtention des diplômes par accréditation. Cette initiative cherche à éviter la surpopulation d'avocats et à améliorer le niveau déplorable des études de droit au Pérou. Ce système d'accréditation pourrait permettre de limiter la création de facs de droit mais aussi d’éradiquer celles qui n'accomplissent pas les standards de qualité. Si le nombre de signatures est atteint, une initiative populaire sera présentée devant le Congrès, imposant à ce dernier de traiter le dossier dans un délai de 120 jours. Faute de quoi, l’initiative devra prendre la forme d’un référendum.

L’explosion des petits cabinets

En ce qui concerne les cabinets d´avocats au Pérou, les plus grandes structurent peuvent avoir entre 30 et 60 avocats, les cabinets moyens entre 10 et 30, et les petits cabinets, qui sont ceux qui prolifèrent le plus, sont généralement composés d'un, deux ou trois avocats.

Pour faire face une concurrence des plus vives, les cabinets péruviens ont choisi la voie de la modernité. Parce que si nous ne pouvons réaliser avec les firmes internationales qui regroupent des milliers d'avocats à travers le monde, nous pouvons en revanche exceller dans l'engagement qui doit toujours être le même: offrir un service intégral au client, en se basant sur une réelle relation de confiance. Cette recherche de satisfaction du client nous impose de maîtriser les nouveaux enjeux juridiques de certains secteurs. C’est sans doute la raison pour laquelle on constate une nouvelle tendance chez les avocats, notamment dans les cabinets moyens : la surspécialisation.

Mais cette quête de l’excellence en droit n’irrigue pas tous les cabinets. D’ailleurs, ce n’est pas rare de voir des petits cabinets exercer la profession de manière peu orthodoxe. Il est commun de trouver tous les jours à la sortie des tribunaux une grande quantité de juristes qui offrent leurs services pour 5 soles (2 euros) la consultation légale.

Le Pérou de demain

Le Pérou n’est plus la "cendrillon" de l'Amérique latine. C’est actuellement l’une des économies les plus prospères et croissantes de la région. La croissance annuelle en 2008 a été de l'ordre de 10 %, et durant la crise de 2009 les résultats macroéconomiques ont été toujours satisfaisants. L'un des facteurs les plus importants de cette croissance a été et continue d'être l’importance que le gouvernement du Président Alan García a octroyé à l'investissement étranger, la souscription des traités de libre commerce avec les Etats-Unis ou encore la Chine

Aujourd’hui, les péruviens et tout particulièrement les professionnels du droit, récoltent les fruits de cet effort gouvernemental sans précédent. La demande de droit explose dans notre pays ; notamment face aux corporations étrangères qui investissent chez nous et nous apportent nécessairement du business.

Avec une concurrence parfois violente entre les professionnels du droit, cet afflux d’investissements étrangers est une aubaine en permettant aux cabinets de se répartir les dossiers.

Le système juridique péruvien souffre encore de sévères failles. Les prisons surpeuplées, les procédures judiciaires complexes, et la lenteur de la justice font que de nombreux détenus en attente de jugement (en particulier ceux accusés de trafic de drogue ou de terrorisme) croupissent dans les prisons péruviennes pendant des mois, voire des années. certains projets arrivent à voir le jour mais le processus est long. Citons par exemple l’essor de la justice de proximité via la création de Módulo Básico de Justicia (MBJ, soit Module de justice de base) qui ont favorisé depuis une dizaine d’années l’accès des populations aux tribunaux. Pourtant, les choses pourraient évoluer plus vite si certaines dispositions de la constitution de 1993 ne tardaient pas à s’appliquer. Le pouvoir judiciaire, dont l’indépendance laisse à désirer, pourrait évoluer grâce à certaines dispositions constitutionnelles qui prévoient un nouveau système de nomination des juges. La Constitution prévoit également un médiateur pour les droits de l'homme (le Bureau du Défenseur du peuple), un Conseil judiciaire national ou encore une école de la magistrature. L’Ordre des avocats de Lima pourrait même être saisi pour avis par un futur tribunal des garanties constitutionnelles compétent pour statuer sur la constitutionnalité des lois et des actions du gouvernement.

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